Commémoration - Assassinat de Hrant Dink

le 16 janvier 2009

Commémoration - Assassinat de Hrant Dink

L'Association Sourp Khatch TEBREVANK & l'Association NAZARPEK Jeunesse HENTCHAKIAN & L'Ecole HRANT DINK ont organisé à l'occasion de la deuxième commémoration de l'assassinat de Hrant Dink une Conférence-Débat sur le thème du Dialogue Armeno-Turc

L’évènement a eu lieu le 16 janvier 2009 à l'Ecole HRANT DINK d’Arnouville-lès-Gonesse avec la participation de Monsieur Ara SARAFIAN, historien, et Madame Aiche HUR, historienne journaliste turque.

Ara Sarafian Aiche Hur Isabelle Kortian

Présents à la commémoration

Présents à la commémoration

Invités à la commémoration

Voici le discours que Saro Mardiryan a lu en préambule de la conférence :

Monsieur le maire, Révérend Père der Krikor Silahlian, Révérend Père der Haroutioun Tachdjian, Mesdames et Messieurs les Présidents d’associations, chers amis, merci d’avoir répondu présent, aussi nombreux, à notre invitation.

Au nom de NAZARPEK Jeunesse HENTCHAKIAN, qui co-organise cette conférence, je vous souhaite la bienvenue.

Nous commémorons aujourd’hui l’assassinat de Hrant Dink, journaliste arménien tué en plein jour à Istanbul, qui tout au long de sa vie a œuvré afin de bâtir des ponts pour le dialogue arméno-turc. Quelle autre manière de perpétrer sa mémoire si ce n’est par la volonté de porter le flambeau, son flambeau, et essayer de consolider ses ponts du dialogue.

Mais, j’aimerais partagé avec vous quelques points qui me semblent essentiels pour le bon déroulement de ce dialogue arméno-turc.

1/ premièrement, l’établissement de lien diplomatique entre la Turquie et l’Arménie.

Une relation de bon voisinage est essentielle pour le développement de la région quelque soit le domaine.

2/ deuxième point essentiel, l’ouverture des frontières par la levée du double blocus imposé par la Turquie et l’Azerbaïdjan, suite au conflit du Karabagh, favoriserait le développement économique de l’Arménie.

Cependant, l’ouverture des frontières ne doit en aucun cas se faire au détriment de concession territoriale, et elle doit s’accompagner de gardes fous pour que la production arménienne reste concurrentielle et pour que la croissance ne sert pas qu’à l’enrichissement de quelques oligarques au détriment de la population et de l’état.

3/ Troisièmement, il faut que la Turquie mette fin à la politique anti-arménienne d’isolement qui consiste à écarter l’Arménie des grands projets régionaux comme par exemple l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyan ou bien la ligne de chemin de fer Kars-Tbilissi-Bakou, qui contourne l’Arménie dans l’unique objectif d’accroître son isolement. Il y a également le gazoduc Nabucco qui est encore en projet mais qui ignore totalement l’Arménie.

Sans dialogue direct, il est impossible de trouver des solutions que ce soit dans le conflit du Karabagh ou bien sur le dossier du génocide des arméniens.

Mais qui doit dialoguer avec qui, qui est légitime ?

Etant donné qu’il existe une république d’Arménie et que le problème est essentiellement politique, le dialogue doit se faire d’Etat à Etat, c’est une certitude.

Mais, ce n’est pas suffisant, 3 problèmes apparaissent :

1/ Le 1er problème vient de la contradiction du discours du gouvernement turc.

D’un côté il soutient la création d’une commission d’historien et dit vouloir se plier aux conclusions de cette commission, y compris la reconnaissance du génocide et d’un autre côté il affirme avec force qu’il n’y a pas eu de génocide.

Ce discours paradoxale montre de manière flagrante que le gouvernement turc joue un jeu de dupe et qu’il n’est pas sincère dans sa démarche.

Dès lors, il perd sa crédibilité et sa proposition de créer une commission d’historien apparaît comme un outil pour servir ses propres intérêts.

2/ Côté arménien, niveau crédibilité nous ne sommes pas en reste.

La dernière élection présidentielle a soulevé une vague de contestation sans précédent poussant entre 100.000 et 200.000 personnes dans la rue et qui a été réprimé dans le sang faisant officiellement 10 morts.

Depuis une chasse à l’homme a eu lieu dans le camps de l’opposition donnant lieu à des arrestations massives et des procès fantasque aboutissant à la détention de prisonniers politique. Cette crise politique majeure n’a pas été surmonté, il y a toujours des prisonniers politiques en Arménie et la responsabilité des 10 morts n’a toujours pas été établi.

Comment peut-on imaginer qu’un président aussi mal élu entame subitement un dialogue et des négociations avec le voisin turc au nom du peuple arménien alors qu’il ne l’a même pas évoqué durant sa campagne présidentielle, et qu’il ignore complètement la volonté d’une Diaspora aussi importante en terme de population que celle d’Arménie.

Il existe de fait un doute sur ses motivations. Agit-il pour détourner l’attention des puissances occidentales ? Agit-il sous une pression extérieure?

La question mérite d’être posée.

3/ Troisième problème, la Diaspora, qui est constituée de rescapés du génocide et qui a tant œuvré à faire reconnaître ce génocide par les instances d’une vingtaine de pays et qui a défendu la mémoire de l’Arménie occidentale, est tout simplement ignorée dans le dialogue.

Il faut d’une manière ou d’une autre tenir compte de la Diaspora, notamment les arméniens de Turquie qui tiennent une place particulière puisqu’ils sont eux-même citoyens turcs et acteurs dans la société turque à l’image de Hrant Dink.

La Diaspora doit intervenir directement dans ce dialogue. Cela doit-il passer par la formation d’un corps pan-arménien ? Je lance la question, nous aurons certainement des éléments de réponse durant l’intervention de nos 2 invités.

Au final, ce dialogue doit contribuer à la recherche d’une solution politique sur la reconnaissance du génocide. MERCI.

Avant de passer la parole, j’aimerais au nom de Nazarpek, jeunesse HENTCHAKIAN, dire à quel point nous sommes fiers de cette école Hrant Dink, et que nous soutenons tous les acteurs qui la font vivre.

Haut de page