Discours du PSD Hentchakian le 24 avril 2011

le 24 avril 2011

Discours du PSD Hentchakian le 24 avril 2011

Le 24 avril 2011, Saro Mardiryan a pris la parole au nom du Parti Social Democrate HENTCHAKIAN, ci-après son discours :

« Chers amis, Il aura fallu attendre 95 ans pour que le 24 avril soit enfin commémoré publiquement en Turquie.
C'était l'année dernière à Istanbul, place Taksim, une centaine de citoyens turcs militant dans différentes associations et réunis au sein du collectif « stop au racisme et au nationalisme » sans céder ni à la menace ni à la peur, levait le tabou et brisait enfin la chape de plomb de l'Etat négationniste turc qui pèse sur la société civile.

Cette année, en ce jour du 24 avril, le collectif organise des commémorations dans 5 villes principales: à Istanbul, Ankara, Izmir, Diyarbakir et Bodrum en faisant des sit-in en plein centre des villes, en allumant des cierges, en énumérant un par un les noms de ceux qui ont été déportés vers la mort depuis ces villes accompagné de douces mélodies de duduk, et en lisant enfin une déclaration en guise d'expression de douleur et de compassion.

La branche d'Istanbul de l'Association des Droits de l'Homme a publié il y a quelques jours une déclaration que je vais vous lire :


« Le 24 avril 1915, sur ordre du Comité Union et Progrès, les principaux intellectuels arméniens d'Istanbul, y compris les membres des partis politiques, les militants, journalistes, médecins, enseignants, commerçants, artistes ont été arrêtés. Leur extermination avait pour but de prévenir toute résistance de l'élite intellectuelle arménienne dans la capitale contre ce que les auteurs avaient à l'esprit et ce qu'ils allaient bientôt mettre en œuvre. Peu après, ce fût au tour de la population arménienne ancrée depuis des milliers d'années sur ses terres ancestrales d'être anéantie soit par des massacres pur et simple soit par la faim, la maladie et la misère sur le chemin du désert syrien.

C'est pour cette raison que le 24 avril symbolise la première phase du génocide qui a commencé par l'extermination des intellectuels arméniens à Istanbul.

Mais le 24 avril n'est pas seulement le symbole du génocide des arméniens et des assyriens. Il est aussi le symbole de la ré-écriture de l'histoire basée sur des mensonges et l'élimination de toute trace d'une civilisation profondément enracinée allant même jusqu'à nier sa simple existence.

Ainsi, les villes en Turquie cachent les secrets d'un passé criminel. Il y a des « scènes de crimes » où les gens passent sans la moindre connaissance de ce qu'il s'y est véritablement passé. L'une de ces scènes de crime est le Palais d'Ibrahim Pacha, désormais le « Musée des arts turcs et islamiques » à Sultanahmet.

C'est l'endroit où les intellectuels arméniens, après avoir été arrêté et emmené au poste de police de Pangalti, ont été retenus avant de partir à Sarayburnu, où ils embarquèrent sur un navire en attente puis emmenés à la gare Haydarpasha pour être ensuite envoyés dans l'intérieur de l'Anatolie - en fait, à leur mort.

Cette année, le jour du 24 avril, nous, branche d'Istanbul de l'Association des Droits de l'Homme de Turquie, nous nous réuniront en face de ce bâtiment pour déclarer publiquement la véritable histoire du Palace Ibrahim Pacha, aujourd'hui Musée d'art islamique, pour dire, "voici l'endroit où les intellectuels arméniens ont été retenus dans des cellules avant leur voyage vers la mort. Cet endroit est l'une des «scènes de crimes » de cette ville d'Istanbul! 

Nous serons en face du musée des arts islamiques le dimanche 24 avril 2011, à 14:00 heures, pour honorer la mémoire des victimes du génocide, et nous attendons tous ceux qui souhaitent se joindre à nous afin de révéler la véritable histoire de la ville, de commémorer les intellectuels arméniens envoyés à la mort le 24 avril 1915 et de prendre part à la quête de justice. »

24 avril 2011 à Paris

Chers amis,

Il existe en Turquie des gens courageux qui lutte pour que la vérité éclate et que justice soit enfin rendu au peuple arménien. Il est de notre devoir de les soutenir.

La position courageuse de l'association des Droits de l'Hommes doit faire tâche d'huile à tous les niveaux de la société civile turque à commencer par les intellectuels, les manuels scolaires, jusqu'à la masse populaire.

Puisque le pouvoir s'obstine dans sa politique négationniste, le changement doit venir de la société civile.

En guise de soutien et de message, voici la déclaration du CCAF:
Le CCAF salue les initiatives qui sont prises en Turquie de commémorer le 24 avril comme date marquant symboliquement le début du génocide des arméniens. Nous accueillons favorablement cette prise de conscience d'une partie de la société civile turque.

Nous encourageons les membres du collectif « stop au racisme et au nationalisme » à aller encore plus loin dans leur démarche courageuse à l'image de l'association turque des Droit de l'Homme qui parle sans ambages du génocide.

En effet, la douleur de la nation arménienne ne saurait être soulagée sans que le crime qu'elle a subit ne soit nommé, sans que la vérité ne soit connue et reconnue, sans que justice ne lui soit rendue. Ce crime contre l'humanité porte un nom, il s'agit d'un génocide.

Aux intellectuels, aux démocrates, aux militants des droits de l'homme et aux citoyens turcs nous les félicitons et nous leur demandons d'être les dignes successeurs de Hrant Dink et de poursuivre le difficile travail qu'il a entrepris pour développer la conscience de la société turque sur sa propre histoire, condition sine qua non de paix et de rapprochement entre les peuples turcs et arméniens.

Merci.

24 avril 2011 à Paris

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