[Communiqué] Hrant Dink, déjà six ans

le 19 janvier 2013

[Communiqué] Hrant Dink, déjà six ans

Six années sont passées depuis l’assassinat de Hrant DINK et on continue à patiner. On n’est pas encore au «procès fleuve», mais on n’y est pas très loin. Un juge ordonne l’ouverture d’une enquête, un autre détourne la direction pour l’enfoncer dans le flou. L’Avocat Général réclame des enregistrements, la partie civile démontre les faits. Des témoins sont convoqués et renvoyés, des verdicts sont prononcés. Mais les commanditaires sont toujours dans l’ombre, en liberté, actifs, lucides et comploteurs.

Hrant DINK voulait avancer la démocratisation de la Turquie par la Turquie elle-même, de l’intérieur. Il voulait aborder, sans complexe, les moments sombres de l’histoire de la Turquie. Il a œuvré pour lever le tabou du génocide des Arméniens. Il a réussi. Oui! Il a réussi. Mais il a payé très cher le prix de sa réussite. Il a payé de sa vie! Aujourd’hui, en Turquie, on parle du génocide. On écrit des éditoriaux sur le sujet. On révèle des secrets. On découvre des vérités. Mais aussi on emprisonne des éditeurs. On pousse des journalistes à démissionner. On invite à s’exiler pour ne pas suivre la voie tracée par Hrant DINK.

On pensait que Hrant DINK était le dernier dans la ligne. Mais en réalité les atrocités, les agressions et les assassinats continuent sur le sol même de la Turquie. Hrant DINK assassiné en plein jour dans la rue à Istanbul, Sevag BALIKCI assassiné lors de son service militaire dans l’armée turque, cela nous fait penser aux méthodes de l’armée ottomane quand les officiers turcs faisaient creuser aux soldats arméniens des tranchées, pour les tuer par la suite et les enterrer dans ces mêmes tranchées. Maritsa KUTCHUK, une femme de 84 ans, décapitée chez elle après avoir été poignardée, Ilker CHAHIN, une institutrice turque décapitée car elle enseignait dans une école arménienne d’Istanbul… Un passager agressé dans un taxi par le chauffeur car il parlait en arménien au téléphone, et si c’était un touriste?! Est-ce cela le pays si accueillant et si abordable pour passer des vacances au soleil avec des affiches monumentales sur des panneaux publicitaires? On y va pour passer des vacances et on se fait agresser car on parle une autre langue. Est-ce cela le pays démocratique, modèle pour le Moyen-Orient? Est-ce cela le modèle de tolérance? Est-ce cela le modèle de «ZERO agressivité avec ses voisins» quand on ne respecte même pas son voisin de pallier? Non, merci!

Éliminations, assassinats, exécutions! Et on continue à faire les yeux doux à la Turquie. On montre qu’on discute avec Abdullah OCALAN, on montre qu’il est bien traité en prison, quelle ironie! On dit qu’il a même la télé dans sa cellule. Mais on oublie de dire que le vrai chef d’accusation est qu’il est un combattant pour la liberté de son peuple. Devant les télévisions du monde entier, dans ce haut lieu de la démocratie qu'est le Parlement, on insulte et on agresse des collègues, non seulement verbalement mais aussi avec des coups de poings. Ces hommes et ces femmes sont les représentants du peuple, élus démocratiquement. Mais la démocratie existe-t-elle dans ce pays?

Le monde arabe a exprimé son besoin d'accéder à la démocratie en se débarrassant des dictateurs et l’Occident l’a suivi, mieux l’a aidé. Pourquoi pas en Turquie? Pourquoi n’aidons-nous pas le peuple turc dans sa quête de démocratie, comme on a aidé les populations des pays arabes? Quand allons-nous faire le bilan de la démocratie en Turquie? Suffit le dictat des intérêts économiques! Ouvrons les yeux! Suivons de près les travaux des différentes commissions qui évaluent le développement de la Turquie.

Retirons le voile pour découvrir la face cachée.

A la mémoire de HRANT...

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